mardi 26 janvier 2010

Une directive, adressée le mois dernier par le ministre de l'Intérieur Brice Hortefeux aux préfets territoriaux et aux préfets de zones de sécurité et de défense, provoque la colère au sein de la gendarmerie mobile. La réduction annoncée de cette force chargée du maintien de l'ordre, et qui doit perdre cette année huit escadrons (1 ou 2 à Melun, les autres à Toulouse, Bayonne, Strasbourg, Ferrette (68), Besançon, Cherbourg et Saint-Malo), entraîne une refonte de sa doctrine d'emploi.

Les gendarmes mobiles reprochent M. Hortefeux, sous couvert d'économies budgétaires, de vouloir imposer le principe de la "sécabilité" des escadrons de gendarmerie mobile, alors même que ces derniers intervenaient en blocs homogènes.

A la "sécabilité" s'ajoutent deux autres termes qui font hurler les gendarmes : la "réversibilité missionnelle". Ce dernier terme est précisé dans un document signé par le directeur général de la police nationale, Frédéric Péchenard, proche de Nicolas Sarkozy, et par son homologue de la gendarmerie nationale, Roland Gilles, titré "Instruction commune d'emploi des forces mobiles de la police nationale et de la gendarmerie nationale".
Le texte explique donc la nouvelle organisation et la possibilité de faire évoluer la mission des forces en cours de déploiement : les unités mobiles peuvent passer de la mission de maintien de l'ordre à celle de sécurisation limitée à la durée de la vacation initialement prévue.

Les raisons de la grogne actuelle des gendarmes mobiles, portent tout d'abord sur les dissolutions d'escadrons. Celles-ci ont été décidées en raison du transfert vers la police aux frontières (PAF) des missions de garde et de tranferts dans les centres de rétention administrative du Mesnil-Amelot (77), Rivesaltes (66), Metz (57) et Geispolsheim (67). Ce passage de compétence de la gendarmerie à la PAF aurait dû être effectif depuis le 1er janvier 2009, ce qui n'est pas le cas.
Les gendarmes continuent donc d'assurer ces missions, alors que les dissolutions d'escadrons interviendront bien en 2010, faisant peser la charge sur les autres unités de gendarmerie disponibles, confirme un cadre concerné par ces évolutions.

Mais la "sécabilité" des escadrons durant les opérations de maintien de l'ordre passe encore plus mal : en fait, c'est l'une des dernières différences avec les CRS (Compagnies républicaines de sécurité) qui disparaît ainsi, ce qu'un officier supérieur de gendarmerie explique en ces termes : "La gendarmerie mobile est conçue pour le rétablissement de l'ordre et le temps de crise. Lorsqu'elle agit, c'est avec un effet de masse et une souplesse tactique lui permettant de reconquérir et tenir un terrain", ce que la division d'un escadron en deux parties ne permettrait plus.

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