
S’oriente-t-on vers une mutation du devoir de réserve des militaires et une requalification de leur droit d’expression? Gare aux conclusions hâtives et aux cocoricos. Ce n’est pas parce que le Conseil d’État a annulé un décret de radiation d’un officier de gendarmerie qu’il faut en conclure que tout est bon à dire n’importe comment dans les armées et de préférence lorsque cela fait grimacer la hiérarchie!
Ce qui est reproché à l’administration ce n’est pas d’avoir engagé une procédure disciplinaire mais de ne pas avoir manifesté de sens de la mesure en optant pour une sanction définitive qui n’est pas en phase avec les faits reprochés. A aucun moment, il n’est dit que cet officier n’aurait jamais dû être puni. Ce qui est dénoncé est la disproportion entre la faute et la réponse choisie par l’État.
L’officier qui était en même temps chercheur au CNRS avait porté de sévères critiques sur le rapprochement entre la police et la gendarmerie. Il est patent qu’il s’était ainsi distingué de l’éthique d’habitude forgée d’obéissance et de loyauté envers le donneur d’ordres dès lors qu’il ne contrevient pas à la loi de la République. Sur le fond il demeure un problème on ne peut pas avoir deux casquettes qui témoignent d’une compétence et de qualités intellectuelles avérées et oublier volontairement les règles qui s’appliquent à l’une ou à l’autre.
En revanche, on ne doit pas virer quelqu’un pour faire un exemple lorsque la gravité de ce qu’on lui reproche ne le mérite pas. La réintégration de l’officier à la date de sa radiation est un camouflet pour le chef de l’État qui a signé le décret. Il y en a plus d’un qui doit être dans ses petits souliers. L’Élysée n’apprécie guère les remontrances des juges qu’ils soient de l’ordre administratif ou judiciaire. Mais la République à ses garde-fous et mieux vaut les préserver.
Hervé Chabaud
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