mardi 10 novembre 2009



Créés en 2002, les groupes d'intervention régionaux réalisent quatre-vingts opérations coup de poing par mois.

«Les GIR sont devenus le fer de lance de la lutte contre les trafics.» Le dernier bilan d'activité des groupes d'intervention régionaux a visiblement mis du baume au cœur du ministre de l'Intérieur.
Depuis le début de l'année, ces unités, créées en 2002 par Nicolas Sarkozy pour lutter contre l'économie souterraine en mettant en commun les pouvoirs de la police, de la gendarmerie, des douanes ou du fisc, ont contribué au placement en garde à vue de plus de 4 000 suspects, réalisant en moyenne 80 opérations de police par mois dans les quartiers sensibles, soit quatre fois plus qu'à leur début. Au 1er novembre, elles ont aussi franchi le cap des 30 millions d'euros confisqués aux trafiquants.

«Une politique de sécurité ne saurait se résumer à des statistiques», souligne Brice Hortefeux.
«Du jamais vu», se félicite-t-on dans l'entourage de Brice Hortefeux. Un policier de haut rang le reconnaît : «C'est au moment où plus personne ou presque ne parle des GIR qu'ils réalisent leurs meilleurs scores.»
Une «injustice» que l'actuel coordinateur de ces structures, le commissaire Lucas Philippe, a voulu réparer en faisant savoir, via sa hiérarchie, combien cette nouvelle forme de police recelait de potentiel. À l'entendre, le plan de relance des GIR initié il y a moins d'un an représente une véritable «révolution».
«La police ne se contente plus d'arrêter les coupables et de réunir les preuves, dit-il, désormais, elle s'attache aussi à priver les voyous de leur trésor de guerre.» Ce qui n'était «pas une prescription très explicite dans le Code de procédure pénale», poursuit le policier.

Le recentrage de l'action des GIR s'est effectué notamment sur les affaires de drogue, dont les profits criminels ne cessent d'augmenter. Depuis le 1er janvier, les GIR ont ainsi diligenté, en appui des classiques services de police et de gendarmerie, plus de 250 procédures de trafic illicite de stupéfiants. «Et pas de petites affaires !», assure le commissaire Philippe. Les saisies d'héroïne se chiffrent en dizaines de kilos, celles de cannabis en tonnes.

Les GIR ont pourtant fait leurs premiers pas sous l'œil goguenard des caméras de télévision. En 2002, pas moins de 90 policiers et gendarmes avaient été déployés dans plusieurs villes des Hauts-de-Seine pour récupérer au bout du compte… 90 grammes de cocaïne. Depuis, les GIR ont appris à travailler avec davantage de discrétion. En faisant taire les querelles intestines entre la police et la gendarmerie qui les minaient.
«Pilotage national renforcé»
C'est aujourd'hui au sein de la Direction centrale de la PJ que ces structures, au nombre de 34, sont coordonnées. Le commandement des 400 hommes qui les composent, auxquels s'ajoutent 1 500 renforts ponctuels, est confié à un policier puis un gendarme, par rotation tous les deux ans. Pour ne pas faire de jaloux.

Brice Hortefeux a tenu à adresser, en interne, un petit mot de félicitations à ses troupes. Mais le message est aussi assorti de recommandations appuyées. Le ministre appelle à «réorienter les enquêtes vers le deal de proximité», celui qui se déroule notamment au sortir des collèges et des lycées.
Il réclame un «pilotage national renforcé» des GIR, pour que chacun rende compte de ses activités et se conforme à la doctrine d'enquête axée sur la lutte contre les trafics. Les préfets devront en outre être «systématiquement associés aux opérations», prévient son entourage. Jeudi prochain, Brice Hortefeux doit révéler ses nouveaux «chantiers» pour 2010. «Une politique de sécurité, dit-il, ne saurait se résumer à desstatistiques.»

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