Nicolas Sarkozy avait indiqué solennellement le 24 mars, au lendemain de la défaite de la majorité aux élections régionales, qu'il était décidé "à s'engager personnellement" dans le domaine de la sécurité, "une priorité" pour laquelle il n'y aurait "aucune concession". Le chef de l'Etat devait ainsi nommer préfet de Seine-Saint-Denis, mercredi 7 avril, en conseil des ministres, Christian Lambert, l'ancien patron du groupe d'élite RAID, pour mettre un terme aux violences chroniques du département. Il devait également changer le directeur général de la gendarmerie.
Les responsables de la sécurité ont été convoqués dans l'après-midi à l'Elysée, où le président de la République devait leur donner une feuille de route très ferme.
Nicolas Sarkozy, qui était au zénith de sa popularité lors de ses deux passages au ministère de l'intérieur (2002-2004 puis 2005-2007), ressent le besoin de se recentrer sur ce qu'il connaît bien, des fondamentaux qui sont de nature à rassurer sa majorité. Le geste politique le plus fort tient dans la nomination de Christian Lambert, l'un des artisans de l'arrestation d'Yvan Colonna, à la préfecture de Seine-Saint-Denis, en remplacement de Nacer Meddah, un préfet "issu de la diversité", nommé préfet de région.
Les responsables de la sécurité ont été convoqués dans l'après-midi à l'Elysée, où le président de la République devait leur donner une feuille de route très ferme.
Nicolas Sarkozy, qui était au zénith de sa popularité lors de ses deux passages au ministère de l'intérieur (2002-2004 puis 2005-2007), ressent le besoin de se recentrer sur ce qu'il connaît bien, des fondamentaux qui sont de nature à rassurer sa majorité. Le geste politique le plus fort tient dans la nomination de Christian Lambert, l'un des artisans de l'arrestation d'Yvan Colonna, à la préfecture de Seine-Saint-Denis, en remplacement de Nacer Meddah, un préfet "issu de la diversité", nommé préfet de région.
DES RÉSULTATS EXIGÉS EN BANLIEUE
M. Lambert, chaleureux et direct, passe pour un homme à poigne et est plus à l'aise sur le terrain que dans un bureau. Il n'a en rien les manières d'un préfet mais est très apprécié des policiers – et de Nicolas Sarkozy. Il était jusqu'alors directeur de cabinet du préfet de police, Michel Gaudin, un autre proche du chef de l'Etat.
Pour l'Elysée, il y a urgence à obtenir des résultats, notamment en banlieue. Nicolas Sarkozy avait, lors de sa déclaration solennelle du 24 mars, assuré que le gouvernement avait réussi "par son action déterminée" à faire baisser le nombre des délits, mais avait reconnu qu'il n'était pas parvenu à maîtriser "la montée de la violence dans les stades, dans les transports, dans les établissements scolaires"."Cette situation ne peut plus durer, avait déclaré le président, je suis décidé à m'engager personnellement dans la lutte contre cette violence, la plus brutale, qui est devenue intolérable pour chacun de vous. Ceux qui attendent ou qui espèrent une réaction ferme de ma part ne seront pas déçus".
L'autre nomination en conseil des ministres sonne comme une disgrâce : le directeur général de la gendarmerie, le général Roland Gilles, faute d'avoir pu réduire le malaise de la gendarmerie devenu un peu visible ces derniers mois, devrait se voir proposer une ambassade. Il est remplacé par son numéro deux, le major général Jacques Mignaux.
Le général Gilles avait eu la tâche ingrate d'inscrire dans les faits le rattachement de la gendarmerie au ministère de l'intérieur, entré en vigueur en 2009. Il avait le sentiment ces derniers mois d'avoir "accompli sa mission", sans parvenir cependant à calmer la grogne des gendarmes, qui craignent d'être digérés dans les gros bataillons de la police.
Le chef de l'Etat entend que la gendarmerie entre dans le rang : la radiation des cadres le 25 mars par l'Elysée du chef de bataillon Jean-Hugues Matelly, un chercheur associé au CNRS qui avait critiqué le rapprochement avec la police, montre clairement la voie.
Le successeur du général Gilles est donc son adjoint, le général de corps d'armée Jacques Mignaux. La passation de pouvoirs devrait ainsi se faire sans heurts et la succession sembler naturelle. Le général Mignaux a notamment le mérite aux yeux du chef de l'Etat d'avoir été membre de son cabinet, place Beauvau.
Nicolas Sarkozy a hésité à aller plus loin, mais des bouleversements plus importants ont été envisagés. En dépit de son amitié pour Brice Hortefeux, le chef de l'Etat n'est pas pleinement satisfait de ses successeurs au ministère de l'intérieur, qui sont, il est vrai, étranglés par la révision générale des politiques publiques et la réduction de moyens policiers.
Il avait été envisagé de flanquer Brice Hortefeux d'un secrétariat d'Etat ou d'un secrétariat général, chargé de mettre de l'ordre dans la maison, de veiller à l'intégration police-gendarmerie, mais aussi au rapprochement avec les polices municipales, les entreprises privées de sécurité, et sans doute un jour les douanes.
Le préfet de police, Michel Gaudin, qui connaît parfaitement les rouages de "la grande maison" se serait bien vu dans ce rôle, mais l'idée a été écartée et le préfet devra encore patienter. Brice Hortefeux sauvegarde aujourd'hui sa liberté de mouvement, mais sous l'étroit contrôle du chef de l'Etat.
La nomination de Michel Gaudin aurait eu le mérite de libérer la place, à la préfecture, pour Frédéric Péchenard, le directeur général de la police nationale. M. Péchenard n'est candidat à rien, mais nul n'ignore qu'il se languit du Quai des Orfèvres et d'une préfecture où il a fait toute sa carrière. Il devrait, pour l'heure, rester à son poste, place Beauvau.
Pour l'Elysée, il y a urgence à obtenir des résultats, notamment en banlieue. Nicolas Sarkozy avait, lors de sa déclaration solennelle du 24 mars, assuré que le gouvernement avait réussi "par son action déterminée" à faire baisser le nombre des délits, mais avait reconnu qu'il n'était pas parvenu à maîtriser "la montée de la violence dans les stades, dans les transports, dans les établissements scolaires"."Cette situation ne peut plus durer, avait déclaré le président, je suis décidé à m'engager personnellement dans la lutte contre cette violence, la plus brutale, qui est devenue intolérable pour chacun de vous. Ceux qui attendent ou qui espèrent une réaction ferme de ma part ne seront pas déçus".
L'autre nomination en conseil des ministres sonne comme une disgrâce : le directeur général de la gendarmerie, le général Roland Gilles, faute d'avoir pu réduire le malaise de la gendarmerie devenu un peu visible ces derniers mois, devrait se voir proposer une ambassade. Il est remplacé par son numéro deux, le major général Jacques Mignaux.
Le général Gilles avait eu la tâche ingrate d'inscrire dans les faits le rattachement de la gendarmerie au ministère de l'intérieur, entré en vigueur en 2009. Il avait le sentiment ces derniers mois d'avoir "accompli sa mission", sans parvenir cependant à calmer la grogne des gendarmes, qui craignent d'être digérés dans les gros bataillons de la police.
Le chef de l'Etat entend que la gendarmerie entre dans le rang : la radiation des cadres le 25 mars par l'Elysée du chef de bataillon Jean-Hugues Matelly, un chercheur associé au CNRS qui avait critiqué le rapprochement avec la police, montre clairement la voie.
Le successeur du général Gilles est donc son adjoint, le général de corps d'armée Jacques Mignaux. La passation de pouvoirs devrait ainsi se faire sans heurts et la succession sembler naturelle. Le général Mignaux a notamment le mérite aux yeux du chef de l'Etat d'avoir été membre de son cabinet, place Beauvau.
Nicolas Sarkozy a hésité à aller plus loin, mais des bouleversements plus importants ont été envisagés. En dépit de son amitié pour Brice Hortefeux, le chef de l'Etat n'est pas pleinement satisfait de ses successeurs au ministère de l'intérieur, qui sont, il est vrai, étranglés par la révision générale des politiques publiques et la réduction de moyens policiers.
Il avait été envisagé de flanquer Brice Hortefeux d'un secrétariat d'Etat ou d'un secrétariat général, chargé de mettre de l'ordre dans la maison, de veiller à l'intégration police-gendarmerie, mais aussi au rapprochement avec les polices municipales, les entreprises privées de sécurité, et sans doute un jour les douanes.
Le préfet de police, Michel Gaudin, qui connaît parfaitement les rouages de "la grande maison" se serait bien vu dans ce rôle, mais l'idée a été écartée et le préfet devra encore patienter. Brice Hortefeux sauvegarde aujourd'hui sa liberté de mouvement, mais sous l'étroit contrôle du chef de l'Etat.
La nomination de Michel Gaudin aurait eu le mérite de libérer la place, à la préfecture, pour Frédéric Péchenard, le directeur général de la police nationale. M. Péchenard n'est candidat à rien, mais nul n'ignore qu'il se languit du Quai des Orfèvres et d'une préfecture où il a fait toute sa carrière. Il devrait, pour l'heure, rester à son poste, place Beauvau.
Yves Bordenave et Franck Johannès
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