La voix : nouvelle piste pour les enquêtes criminelles
Après la gendarmerie, la police utilise depuis quelques semaines un logiciel spécial de reconnaissance vocale.
Le téléphone sonne. Un individu à la voix masquée égrène ses exigences. Parmi elles, une demande de rançon… Ces messages vocaux qui émaillent nombre d'affaires criminelles donnent lieu désormais à un travail d'identification approfondi. Après la gendarmerie qui l'utilise depuis deux ans, la police recourt à son tour depuis quelques semaines au même logiciel spécialisé, baptisé Batvox. Une acquisition du service central de l'informatique et des traces technologiques de la sous-direction de la police technique et scientifique (SDPTS) installée près de Lyon.
Ce système qui nous vient d'Espagne, pays particulièrement en pointe dans ce domaine depuis une dizaine d'années, est voué à un avenir prometteur. «Aujourd'hui, on l'utilise pour une dizaine d'affaires par an en moyenne. Aussi bien pour de la petite délinquance, comme les appels malveillants, que pour des dossiers de terrorisme», explique le capitaine Laurent Chartier, chef du département «signal image parole» de l'Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale (IRCGN) situé à Rosny-sous-Bois. Du côté de la police, le logiciel a été utilisé à trois reprises, après avoir été testé par des moyens fort simples d'ailleurs.
Le téléphone sonne. Un individu à la voix masquée égrène ses exigences. Parmi elles, une demande de rançon… Ces messages vocaux qui émaillent nombre d'affaires criminelles donnent lieu désormais à un travail d'identification approfondi. Après la gendarmerie qui l'utilise depuis deux ans, la police recourt à son tour depuis quelques semaines au même logiciel spécialisé, baptisé Batvox. Une acquisition du service central de l'informatique et des traces technologiques de la sous-direction de la police technique et scientifique (SDPTS) installée près de Lyon.
Ce système qui nous vient d'Espagne, pays particulièrement en pointe dans ce domaine depuis une dizaine d'années, est voué à un avenir prometteur. «Aujourd'hui, on l'utilise pour une dizaine d'affaires par an en moyenne. Aussi bien pour de la petite délinquance, comme les appels malveillants, que pour des dossiers de terrorisme», explique le capitaine Laurent Chartier, chef du département «signal image parole» de l'Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale (IRCGN) situé à Rosny-sous-Bois. Du côté de la police, le logiciel a été utilisé à trois reprises, après avoir été testé par des moyens fort simples d'ailleurs.
Opération de débruitage
Tout d'abord, toutes les personnes enrhumées du service de Lyon ont été réquisitionnées. Obligées de subir un enregistrement. Leur voix nasillarde et leur timbre habituel ont été soumis à la machine qui ne s'y est pas trompée. Elle a reconnu la même personne. De même, il a été vérifié que Batvox ne serait pas abusé par des imitations. Pour se faire, c'est la voix de Nicolas Sarkozy qui a été confrontée à celle de ses imitateurs. Verdict : ces derniers ont encore des progrès à faire ! Ils peuvent impressionner un public mais pas la machine qui n'a pas été bernée. «La voix contient des données invariantes», souligne Patrick Guyonneau, ingénieur en chef de l'armement et patron du service des technologies de la sécurité intérieure. C'est si vrai que le logiciel a également reconnu la même personne parlant tantôt français, tantôt vietnamien.
Mais la faiblesse de Batvox est qu'il exige de longs préparatifs. Les enquêteurs disposant rarement d'un bon enregistrement, il faut aider la machine. Premier travail : détecter le fragment exploitable qui de surcroît doit atteindre une certaine durée. Une donnée parfaitement connue et calculée mais qui doit rester confidentielle pour éviter qu'elle serve aux criminels. La deuxième étape est une opération de débruitage. «Éliminer par exemple une porte qui claque, un bruit de klaxon… un nettoyage qui ne peut être parfait au risque de retirer des informations relatives à la voix», explique Christophe Stécoli, ingénieur informaticien travaillant à Lyon. «Ce travail est délicat et complexe», insiste la commissaire principale, Estelle Davet, chef du service de l'informatique et des traces technologiques. «La voix change avec l'âge. C'est pourquoi on ne peut pas parler d'empreinte mais de signature sonore.»
Concrètement, lors d'une affaire, on compare l'échantillon de voix à celle d'un suspect. Ce dernier doit donc se prêter à un enregistrement, selon des techniques particulières en vue de garantir un résultat parfait. «On commence à former les policiers au prélèvement vocal au sein des services régionaux spécialisés», poursuit Estelle Davet. Les gendarmes de l'IRCGN préfèrent, quant à eux, se déplacer pour procéder à ce travail.
Enfin, ultime étape, il s'agit de faire parler le logiciel qui ne s'exprime qu'en chiffres. «Il livre des résultats sous forme de statistiques», confirme Laurent Chartier. Les décrypter reste donc l'affaire des spécialistes de Lyon et de Rosny-sous-Bois. Par la suite, tous espèrent aller plus loin dans l'analyse de la voix en travaillant avec des phonéticiens. Leur étude sur les divers modes articulatoires donnera un éclairage complémentaire aux résultats de Batvox.
Mais la faiblesse de Batvox est qu'il exige de longs préparatifs. Les enquêteurs disposant rarement d'un bon enregistrement, il faut aider la machine. Premier travail : détecter le fragment exploitable qui de surcroît doit atteindre une certaine durée. Une donnée parfaitement connue et calculée mais qui doit rester confidentielle pour éviter qu'elle serve aux criminels. La deuxième étape est une opération de débruitage. «Éliminer par exemple une porte qui claque, un bruit de klaxon… un nettoyage qui ne peut être parfait au risque de retirer des informations relatives à la voix», explique Christophe Stécoli, ingénieur informaticien travaillant à Lyon. «Ce travail est délicat et complexe», insiste la commissaire principale, Estelle Davet, chef du service de l'informatique et des traces technologiques. «La voix change avec l'âge. C'est pourquoi on ne peut pas parler d'empreinte mais de signature sonore.»
Concrètement, lors d'une affaire, on compare l'échantillon de voix à celle d'un suspect. Ce dernier doit donc se prêter à un enregistrement, selon des techniques particulières en vue de garantir un résultat parfait. «On commence à former les policiers au prélèvement vocal au sein des services régionaux spécialisés», poursuit Estelle Davet. Les gendarmes de l'IRCGN préfèrent, quant à eux, se déplacer pour procéder à ce travail.
Enfin, ultime étape, il s'agit de faire parler le logiciel qui ne s'exprime qu'en chiffres. «Il livre des résultats sous forme de statistiques», confirme Laurent Chartier. Les décrypter reste donc l'affaire des spécialistes de Lyon et de Rosny-sous-Bois. Par la suite, tous espèrent aller plus loin dans l'analyse de la voix en travaillant avec des phonéticiens. Leur étude sur les divers modes articulatoires donnera un éclairage complémentaire aux résultats de Batvox.
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L'affaire Ferrara
Le 12 mars 2003, un commando attaque la prison de Fresnes et délivre Antonio Ferrara, grande figure du banditisme. Dans la voiture qui file vers une planque, un téléphone se déclenche inopinément et joint la messagerie du portable de Ferrara, oublié dans sa cellule. Le téléphone est récupéré par les enquêteurs, soit 59 secondes où l'on entend ce qui se passe dans la voiture. Selon l'expert en acoustique, on y distingue quatre ou cinq voix d'hommes. Deux d'entre elles sont celles de Ferrara et d'un complice, Dominique Battini. Les trois autres n'ont pas été identifiées.
L'affaire Grégory
Le 16 octobre 1984, le corps du petit Grégory Villemin est découvert dans la Vologne. Les enquêteurs disposent de plusieurs enregistrements de la voix du corbeau, jamais identifié. Pour certains experts, il s'agit d'un homme, pour d'autres d'une femme qui déguise sa voix.
L'affaire AZF
En 2004, un mystérieux groupe AZF fait chanter l'État et fait tourner en bourrique toutes les polices de France en enfouissant des bombes sous les voies ferrées, avant de se volatiliser. Les policiers disposent d'appels téléphoniques passés depuis des cabines publiques par une femme. Pour tenter de l'identifier, les enquêteurs avaient envisagé sa diffusion. Mais par crainte de provoquer un vent de panique dans le pays, les autorités judiciaires s'y sont opposées.
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