jeudi 17 mai 2007

Les gendarmes s'inquiètent d'un rapprochement avec la police


Sources AFP - Mercredi 16 Mai 2007

Les gendarmes s'inquiètent d'un rapprochement avec la police

La gendarmerie s'inquiète d'un rapprochement avec la police au sein du ministère de l'Intérieur au lendemain d'informations contradictoires sur la place future des gendarmes dans la protection rapprochée du président Nicolas Sarkozy.

Mardi en début de soirée, les 30 gendarmes du Groupe de sécurité de la présidence de la République (GSPR), chargé de la protection rapprochée du chef de l'Etat et de sa famille depuis 1983, ont appris qu'ils doivent quitter cette unité mixte police-gendarmerie dès mercredi et qu'ils seront remplacés par des policiers.

Cette annonce, qualifiée par un officier supérieur de "camouflet et de blessure pour toute la gendarmerie" provoque un vif émoi et de nombreuses interrogations sur le rôle de la gendarmerie.

"C'est d'autant plus curieux, ajoute cet officier sous le sceau de l'anonymat, que Nicolas Sarkozy est l'artisan du rapprochement police/gendarmerie".

Très vite, l'entourage du président élu tente de calmer le jeu en assurant qu'il s'agit seulement d'une "modification de l'équilibre" policiers/gendarmes alors à égalité (30/30) dans le GSPR. L'entourage du président laisse entendre que "des gendarmes" resteront au GSPR.

Au même moment, le directeur de la gendarmerie, le général d'armée Guy Parayre est reçu en urgence par Claude Guéant, secrétaire général désigné de l'Elysée, qui l'assure qu'aucune décision définitive n'a été prise sur la composition de cette unité d'élite.

Mercredi, les 100.000 gendarmes attendaient des éclaircissements après la valse hésitation de la soirée précédente sur fond d'inquiétude d'un rapprochement éventuel avec la police au sein du ministère de l'Intérieur ou de la création d'un grand ministère de la sécurité intérieure: perte de leur statut militaire et de leurs missions au profit de la police.

Le premier pas de ce rapprochement avait été fait, par un décret de mai 2002 - M. Sarkozy étant Place Beauvau - qui dispose que le ministère de l'Intérieur est "responsable de l'emploi de la gendarmerie pour l'exercice de ses missions de sécurité intérieure". D'ailleurs, dans tous ses discours sur la sécurité, M. Sarkozy n'a jamais omis d'associer policiers et gendarmes.

"Dans les faits, explique à l'AFP l'universitaire François Dieu, spécialiste des forces de sécurité, la gendarmerie, qui relève de la Défense pour son statut (militaire), son budget (soldes et une partie de ses matériels) et sa gestion humaine, travaille à 90 % pour le ministère de l'Intérieur".

Pour ce chercheur, auteur de plusieurs ouvrages sur la police et la gendarmerie, "il y aurait une cohérence à ce que la gendarmerie, qui relève de l'Intérieur pour son emploi, en relève également pour son budget".

"La logique voudrait que la gendarmerie relève, en dehors de ses missions militaires, du ministère de l'Intérieur", ajoute M. Dieu qui rappelle que le rattachement de la Guardia civile en Espagne et des carabiniers en Italie à leur ministère de l'Intérieur "n'a pas remis en cause leur existence et leur statut militaire".

"D'autant plus, souligne ce spécialiste, qu'il y a consensus en France, à droite comme à gauche, sur la pérennisation du statut militaire des gendarmes".

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