lundi 28 février 2011

Des gendarmes très spéciaux en «chasse»

Ayant endossé l'identité d'un mineur ou d'une escort-girl, ils traquent, tapis derrière leur ordinateur, pédophiles et autres proxénètes. Ils? Des gendarmes spécialement formés et affectés à cette tâche.

Depuis octobre dernier, la section de recherche de la gendarmerie de Dijon dispose de deux enquêteurs spécialisés, formés notamment à l'université de technologie de Troyes et habilités à «participer sous un pseudonyme aux échanges électroniques», comme l'indique la loi de mars2007 qui encadre strictement leur action.
Au côté des cinq gendarmes basés au Fort de Rosny-sous-Bois (93), également affectés à la cyberinfiltration depuis début 2009, ils patrouillent sur le net dans les domaines des «atteintes aux mineurs», de «la traite des êtres humains» et du «proxénétisme». Derrière leur ordinateur, ils revêtent l'identité d'un mineur pour démasquer les pédophiles ou d'une escort-girl pour démanteler un réseau de proxénètes, passent allègrement d'un forum internet d'ados à un «tchat» fréquenté par des mineurs.


«Il faut acquérir le vocabulaire des ados, fautes d'orthographe comprises, comme tout bon tchateur qui se respecte», explique l'adjudant-chefS., qui insiste sur «la capacité à se créer un scénario» et à «se mettre dans la peau d'un personnage, comme dans une vraie infiltration». «Aujourd'hui, le moyen le plus facile d'approcher un gamin, ce n'est plus devant l'école, c'est sur la Toile, où se développent aussi certaines formes de proxénétisme», analyse le lieutenant-colonel Francis Hans, commandant de la section de recherche de Dijon.
«Cette évolution fait qu'on ne peut plus suivre les affaires a posteriori. Intercepter des filles sur le parking d'un hôtel puis chercher à remonter une filière, on travaillait encore comme ça il y a quatre ou cinq ans, plus maintenant», poursuit-il. «Notre objectif va être, par exemple, de nous faire passer pour une jeune femme qui contacterait un site internet d'escort-girls pour gagner de l'argent afin de voir ce qu'il y a derrière», dévoile-t-il. Durant leur «chasse», les cybergendarmes se focalisent également sur les pédophiles «susceptibles de passer à l'acte».
Une fois le contact établi avec un suspect et en cas de rendez-vous proposé au mineur fictif dans un lieu public, l'homme sera interpellé par les gendarmes. La créationd'autres unités de cyberpatrouilleurs est prévue, dès cette année.

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