vendredi 19 février 2010


PARIS — Après la polémique sur la "politique du chiffre", Brice Hortefeux affine l'outil de mesure de la délinquance avec la création d'un "tableau de bord" privilégiant l'approche qualitative, les gardes à vue n'étant plus désormais comptabilisées au titre de l'activité des services.

Celles-ci avaient alimenté dernièrement la polémique, leur nombre très élevé (800.000 en 2009) étant notamment mis en parallèle par les détracteurs du ministre avec la "politique du chiffre" qu'ils lui reprochent d'avoir développée dans l'activité policière, bien que M. Hortefeux récuse cette notion, parlant de politique du "résultat".

Le ministre, quoi qu'il en soit, a décidé de mettre en place ce nouvel outil de mesure, au titre d'"instrument de pilotage", a expliqué jeudi son entourage à l'AFP.

Ce tableau de bord est destiné à "suivre finement la mise en oeuvre de (sa) politique en matière de sécurité et l'évolution de son application", selon la même source.

Etabli sur la base de sa déclination départementale (avec un taux par 1.000 habitants pour chaque infraction), confiée aux préfets, il sera pleinement opérationnel "au 1er mai".

Outre la reprise des trois indicateurs permanents (atteintes aux biens, violences aux personnes et délits financiers) de l'Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales (ONDRP), il comprendra des "indicateurs ciblés, correspondant aux politiques mise en place".

Ainsi, figurent notamment "violences physiques crapuleuses", cambriolages "de résidences principales et secondaires", "de locaux industriels, commerciaux et financiers", "criminalité organisée et délinquance spécialisée".

Il mettra également en lumière des indicateurs jusqu'alors non détaillés car ne faisant pas partie des 107 index de l'état 4001 (l'outil statistique des services de police et de gendarmerie).

Il s'agit du "nombre d'intervention pour différends familiaux", "cybercriminalité", dont "escroqueries et tentatives, atteintes aux moeurs, contenu discriminatoire) et "phénomènes de type urbain" (violences à dépositaires de l'autorité, violences entre bandes).

Chacun des indicateurs détaillera les chiffres de la gendarmerie, de la police, de l'agglomération parisienne, de Paris seul, avec le total national.

Tous seront assortis du nombre de personnes mises en cause, du taux d'élucidation, tandis que le nombre de gardes à vue ne sera plus mentionné dans la rubrique "activité des services".

Cette disposition devrait notamment relâcher la pression sur la corporation policière, où les signes de lassitude ont été relayés bruyamment par certains syndicats qui dénoncent une confusion des notions de résultat et d'évaluation statistique des actes de la police.

Le tableau de bord sera complété, chaque trimestre, par le nombre de blessés chez les policiers, chez les gendarmes, ainsi que du "délai moyen d'intervention de nuit en minutes, pour la sécurité publique, la préfecture de police et la gendarmerie.

Mais selon Jean-Jacques Urvoas, secrétaire national du PS (sécurité), ce nouvel indicateur est "un véritable tour de passe-passe statistique".

Brice Hortefeux présente "un tout nouveau tableau de bord de l'insécurité, en même temps que les premiers résultats de ce nouvel outil... Et ô miracle, on constate la baisse simultanée de tous les indicateurs de la délinquance!", a-t-il déclaré.

"On peut s'interroger sur la pertinence de ces données chiffrées alors même que les points de comparaison sont par définition difficiles à établir, l'outil de mesure étant nouveau", fait-il valoir.



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